La parole aux prédateurs

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Presse écrite, télévision, radio, le chœur des lamentations a accompagné la sortie du rapport de la Mission sur la prostitution en France. Ainsi, on ne serait plus libre de rien : ni de doubler en haut des côtes, ni d’enfumer son voisin, ni d’aller voir des prostituées.

D’un rapport de plus de 400 pages, d’une trentaine de propositions solides, la plupart des médias n’ont retenu qu’une chose : la proposition de pénalisation des « clients ». M. Philippe Caubère, comédien bien silencieux quand les personnes prostituées sont, elles, traquées pour racolage, est subitement devenu omniprésent.

Invité jusqu’à satiété par le PAF, il a pu tout son saoul déverser sa hargne. Contre un Etat qui voudrait l’empêcher d’exercer son sacro-saint «droit de l’homme», celui de payer pour ça ; et contre sa mère, tant une nouvelle fois… tout ça est la faute des femmes.

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Dans la presse écrite, Libération n’a pas failli à son vieux réflexe «défense des minorités» – ou prétendues telles -en invitant le Strass[[« Syndicat » des « travailleurs sexuels ».]] à défendre les intérêts d’une industrie du sexe qui n’a pourtant guère pour objet la philanthropie et la protection des plus faibles. Le Monde n’a pas voulu être en reste et n’a donné la parole qu’aux défenseurs du système prostitueur[[On saluera le travail réalisé par le quotidien L’Humanité qui a su élever le débat et rendre compte des vrais enjeux.]].

Quelque chose nous étonne. Des journalistes ont rencontré des membres du Mouvement du Nid[Le [Mouvement du Nid, association de terrain, abolitionniste, est l’éditeur de la revue Prostitution et Société et de ce site.]]. Ils ont semblé soucieux de comprendre, de montrer les enjeux. Manifestement, leurs questionnements n’ont pas franchi le mur des rédactions en chef.

Serait-ce, comme un exemple nous en a été donné sur une chaine de France Télévision, que certains rédacteurs en chef sont eux-mêmes clients ?

Malgré cette évidente censure, nous tenons à féliciter ici les membres de la Mission pour leur travail historique. Pour nous, les moulinets de M. Caubère sont un peu le chant du cygne. Être prostitueur, camoufler sous un amas de justifications son attachement au droit de cuissage, est déjà devenu ringard. Et ce n’est qu’un début.