Le printemps abolitionniste

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Le dossier de ce numéro 199 est consacré au « Printemps abolitionniste », qui peut enfin commencer après un automne et un hiver marqués par l’offensive des opposants à  la loi du 13 avril 2016, qui ont tenté de la faire invalider par le Conseil constitutionnel. La réponse des Sages a été sans appel : conformité totale. Retour sur 3 mois de débats et de mobilisations

Editorial

Le Conseil constitutionnel a tranché : les dispositions de pénalisation des « clients » de la loi du 13 avril 2016 sont conformes à la Constitution. Malgré les arguments retors et les « intoxs » de la partie adverse, les Sages ont reconnu que le législateur avait été cohérent en bâtissant la loi.

Au nom de la dignité humaine, ils ont écarté les arguments des requérants sur la liberté d’entreprendre et le droit à la vie privée. Ils ont reconnu une nouvelle fois la prostitution pour ce qu’elle est : une violence.
Cette décision, largement saluée par le mouvement féministe français, par le gouvernement et par les abolitionnistes du monde entier, a été précédée d’une forte mobilisation des associations et des survivantes de la prostitution. Un nouveau collectif de survivantes francophones, Sivivan, a même émergé de cette mobilisation.

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La campagne #nabrogezpas a permis à diverses personnalités d’expliquer pourquoi, dans un objectif d’égalité réelle entre les femmes et les hommes, il fallait donner une chance à cette loi d’être appliquée et de produire ses effets. Qu’y relier la violence subie par les personnes prostituées et en faire un bilan avant même qu’elle ait été mise en place sur tout le territoire était malhonnête et destiné à faire avancer l’idéologie du travail du sexe. Elle a permis aussi de voir que la société française avait compris l’enjeu, un sondage montrant que plus des trois quarts des Français.e.s étaient favo- rables à la loi. Dans le dossier de ce numéro, nous revenons sur cette intense mobilisation.

La France a franchi un nouveau pas vers l’abolition. Maintenant, il faut faire plus, et mieux, pour que les parcours de sortie se multiplient, et que le nombre de victimes du système prostitueur diminue enfin. Il faut faire beaucoup plus pour que les jeunes soient élevés dans un autre modèle de société que celui de la marchandisation des êtres humains. On peut compter sur nos adversaires qui tentent d’imposer l’idéologie du travail du sexe à travers le monde, pour continuer à essayer d’empêcher cette société d’advenir. Mais, l’abolitionnisme s’enracine en France. Avec cette nouvelle étape franchie, on se prend à respirer un peu, et à se dire que c’est le début du printemps abolitionniste.