Les e-proxos ne sont plus intouchables

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Pour la première fois, un vaste réseau de proxénétisme utilisant l’Internet a été démantelé, au terme d’un an et demi d’enquête. Pas moins de 7500 personnes prostituées étaient vendues par l’intermédiaire de ce supermarché du sexe en-ligne.

L’enquête commence il y a dix-huit mois à Clermont-Ferrand : les enquêteurs de la direction départementale de la Sécurité publique s’intéressent aux déplacements « d’escort-girls » acheminées dans des hôtels de luxe de la région et de ses environs.

Taxées de 300 à 900 euros par mois au prétexte de leur inscription sur l’un des sites du réseau « escort-annonces.com », les jeunes femmes, pour la majorité venues d’Europe centrale ou de l’Est, sont envoyées aux quatre coins du continent à la rencontre des « clients » prostitueurs contactés par internet.

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Cinq personnes ont été interpellées en Slovaquie, deux autres en France. À la tête du réseau, un Suisse allemand déjà recherché par les polices hongroises et italiennes pour proxénétisme aggravé.

L’affaire « Escort-annonces.com » mêle ainsi des éléments « traditionnels » du proxénétisme à des pratiques plus modernes. Le réseau lui-même n’a rien d’original : dirigé par une figure multi-récidiviste du proxénétisme, amassant des sommes colossales qui alimentent à leur tour de nombreux trafics mafieux. Selon Thierry Cholet, commissaire principal à la direction départementale de la Sécurité publique de Clermont-Ferrand, trois millions d’euros étaient ainsi collectés tous les mois.

Cependant, la nouveauté tient aux techniques de promotion du réseau, inspirées des modèles high-tech du commerce électronique. Comptant sur la complaisance et la cupidité des « clients » prostitueurs, traités en consommateurs avertis, « escort-annonces.com » proposait ainsi des avantages commerciaux — réductions et bons-cadeaux — à ses clients les plus fidèles, offrait un système de classement des personnes prostituées prétendùment basé sur les votes des « clients », le tout permettant d’organiser la livraison de « marchandises » humaines à flux tendu.

Selon Jean-Marc Souvira, chef de l’Office Central de la Répression des Êtres Humains (OCRTEH), ce mode de prostitution est en constante extension. Sans doute son succès tient-il également au confort qu’il apporte aux prostitueurs. Ceux-ci, décomplexés par les apparences de « commerce comme un autre », peuvent d’autant mieux passer outre les réalités de la prostitution : trafics, argent sale et violences.