Terre Promise

1127

Utile et courageux, Terre Promise est cependant peu convaincant du point de vue cinématographique.

La prostitution est aujourd’hui en Israël un sujet brùlant ; la traite des femmes est florissante et une économie sans foi ni loi fait de leurs corps des marchandises rentables vendues au plus offrant.

Annonce

L’audace du propos d’Amos Gitaï, sa dénonciation d’une réalité que nul n’a envie de voir, a valu au cinéaste une vive prise à partie de la part du journal Maariv : en peignant comme une déportation la destruction impitoyable des jeunes femmes, dénudées, violées et prostituées, Gitaï a été accusé de « nuire à l’image d’Israël« .

Hélas, passé le choc des premières minutes, filmées caméra sur l’épaule dans un montage saccadé, le film se délite… On assiste avec ennui à une succession de scènes « documentaires », lâchement liées entre elles. Les clichés s’accumulent et culminent dans la figure ridicule d’une « maquerelle philosophe », jouée par une Hanna Shygulla enturbannée, qui ressasse : « Ne pense pas que tu te prostitues, pense que tu travailles« .

Pis encore, à aucun moment le spectateur ne parvient à s’attacher à un visage, à une histoire… Traitées comme du bétail par les proxénètes, les jeunes femmes n’accèdent jamais au statut de personnage dans un scénario sans forme… Le film se conclut par un « happy end » hautement improbable : la fuite nocturne éperdue des deux « héroïnes » le long d’une route. Comme elles, Amos Gitaï donne l’impression de s’être perdu dans un sujet qui méritait pourtant un traitement à la hauteur de la tragédie qu’il aborde.