Que fait la police ?

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La prostitution constitue et a toujours constitué un thème privilégié de la littérature.
Aussi, nous a-t-il paru important de mettre en lumière la façon dont elle est dépeinte par les romanciers.

Dans cette rubrique, les citations littéraires sont mises en parallèle avec les témoignages actuels des personnes prostituées, comme des clients.

Une mise en perspective riche d’enseignements…

Une caricature de contrôle.


Femmes à l’encan, Maxence Van der Meersch, Albin Michel, 1958, page 81.

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À Paris, nous avons signalé le pacte entre prostituées et la police des mœurs, le « condé » qui assure une caricature de contrôle. En province, c’est habituellement dans l’après-midi qu’un agent débonnaire passe dans les bordels et signale à la patronne :

— Dis donc, Rachel, on fera un tour par ici, cette nuit.

Rachel, dùment avertie, prépare les cigarettes et sa meilleure bouteille. Ainsi se passe la descente nocturne de la police.

Ce livre de Maxence Van Der Meersch, écrivain du Nord de la France, a été écrit en 1945, à l’époque où la France connaissait le régime réglementariste de la prostitution. Un an plus tard, la loi du 13 avril 1946 a fermé officiellement les maisons de tolérance. Ce livre est un réquisitoire contre les maisons de tolérance et la prostitution.

Les maisons se préviennent entre elles.


Témoignage de Carole, Prostitution et société, n°181.

Quand la police arrive, on nous demande de nous cacher. Les maisons se préviennent entre elles. Les policiers viennent voir s’il y a de la cocaïne. Nous, on voyait le patron leur verser carrément de l’argent… Il ne se cachait même pas. (…)

[après une agression] L’affaire a été classée sans suites. (…) Quand je suis allée à la police, j’ai reconnu plein de policiers. La moitié sont clients. Ca passe l’envie de porter plainte…

Encadrée par deux policiers, je fus ramenée à mon lieu de détresse.


Témoignage d’Erika, Prostitution et société, n°101.

Un jour, me sentant surveillée, je suis allée au bureau de police pour déposer plainte concernant les sévices que je subissais et pour demander à la police de m’aider par sa protection à quitter l’Eros-center et la prostitution. Le préposé s’est mis en rapport avec le responsable de l’Eros-center et m’a signifié que j’avais encore une dette vis-à-vis de lui. C’est sous ce prétexte qu’encadrée par deux policiers, je fus ramenée à mon lieu de détresse (…) les policiers m’ont fait remarquer que j’étais encore sous les liens d’un contrat de travail vis-à-vis de mon proxénète et que je n’avais pas à rompre unilatéralement ce contrat.