Onusida aux mains des maquereaux ?

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La condamnation en mars 2015 à une peine de 15 ans de prison pour proxénétisme d’Alejandra Gil, apôtre du « travail du sexe » et prétendue défenseuse des droits des personnes prostituées, jette l’opprobre sur Onusida qui en avait fait une de ses « expertes ».

La vice-présidente d’un organisme qui a officiellement conseillé une instance supérieure de l’ONU sur sa politique en matière de prostitution a été emprisonnée au début de l’année après avoir été reconnue coupable de traite à des fins sexuelles.

L’info, qui serait restée inaperçue si le site Ressources Prostitution n’avait eu la bonne idée de traduire et de publier l’article de l’anglaise Kat Banyard[[Fondatrice de UK Feminista, association féministe anglaise.]], est tout simplement explosive.

Les opposants à la proposition de loi abolitionniste actuellement en discussion en France, et les réglementaristes partout dans le monde, ont toujours montré un grand empressement à se référer aux conclusions d’Onusida, tenu pour une autorité majeure en matière de politiques sur la prostitution. Amnesty International lui a fait une confiance aveugle avant de voter une motion appelant à décriminaliser les tenanciers de bordels pour prétendument venir en aide aux personnes prostituées.

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Apprendre aujourd’hui que ladite commission d’Onusida était dirigée entre autres par Alejandra Gil, une proxénète d’envergure condamnée en mars 2015, à Mexico, à 15 ans de prison (!) a de quoi jeter le doute, pour le moins, sur les véritables raisons qui ont poussé la commission en question à faire ses choix en faveur de la décriminalisation des proxénètes.

Kat Banyard nous apprend qu’outre ses activités de proxénétisme, Alejandra Gil était, couverture idéale, présidente d’une ONG se présentant comme défenseuse des droits des personnes prostituées. Elle était également vice-présidente du Global Network of Sex Work Projects (NSWP) qui fait campagne pour la décriminalisation des personnes qui facilitent le «travail du sexe».

C’est ainsi qu’en 2009, Onusida, instance des Nations Unies chargée de mettre en œuvre les moyens d’inverser la propagation mondiale du VIH, a confié à Madame Gil la co-présidence de son groupe consultatif sur le VIH et le travail du sexe. Elle est d’ailleurs citée par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) comme une spécialiste de la question. On imagine donc que la spécialiste n’a eu aucun mal à faire pencher la balance du côté qui pouvait favoriser son commerce.

L’article de Kat Banyard nous apprend également qu’Alejandra Gil, avec NSWP, est parvenue en 2007 à faire rayer de la carte une note d’orientation publiée par Onusida qui proposait de s’attaquer à la demande de prostitution, donc aux « clients », pour imposer la nouvelle ligne devenue référence, celle qui promeut la dépénalisation des bordels.

On se doutait qu’un certain nombre d’organismes étaient inflitrés par les proxénètes… Cette information en est un indicateur et fait plus que fissurer l’édifice idéologique des «pro prostitution», dont le meilleur argument était jusqu’à présent l’appui apporté par les instances chargées du sida. En ce qui les concerne, les abolitionnistes n’avaient pas attendu cette révélation pour savoir que toute politique prétendant décriminaliser les tenanciers revient à faciliter la vie des proxénètes, jamais celle des personnes prostituées livrées pieds et poings liés à leur bon vouloir.

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Claudine Legardinier
Journaliste indépendante, ancienne membre de l’Observatoire de la Parité entre les femmes et les hommes, elle recueille depuis des années des témoignages de personnes prostituées. Elle a publié plusieurs livres, notamment Prostitution, une guerre contre les femmes (Syllepse, 2015) et en collaboration avec le sociologue Saïd Bouamama, Les clients de la prostitution, l’enquête (Presses de la Renaissance, 2006). Autrice de nombreux articles, elle a collaboré au Dictionnaire Critique du Féminisme et au Livre noir de la condition des femmes.