Japon : « Femmes de réconfort », 70 années pour d’indispensables excuses

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Elles ne sont plus que 46. 46 sur 200 000. 46 survivantes seulement auront vécu assez longtemps pour recevoir les excuses et le repentir du Premier ministre japonais, M.Shinzo Abe, du plus profond de son cœur, pour leur enrôlement de force dans les bordels de l’armée impériale japonaise avant et pendant la seconde guerre mondiale.

Il a donc fallu attendre le 28 décembre 2015 pour qu’intervienne la décision attendue depuis des décennies par ces esclaves sexuelles cyniquement appelées femmes de réconfort dont beaucoup étaient mortes à l’époque, violées à la chaine, torturées, mutilées, assassinées. D’autres s’étaient suicidées après la guerre pour ne pas avoir à affronter la honte.

Jusqu’à 200 000 femmes, pour la plupart des Coréennes mais aussi des Chinoises, des Indonésiennes et des femmes d’autres pays asiatiques avaient été victimes de rapts et de tromperies avant d’être séquestrées dans les bordels militaires japonais pour « le repos du guerrier ».

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Tokyo a donc mis soixante-dix années à reconnaître les faits, à présenter de véritables excuses et à accepter de verser un milliard de yens (7,5 millions d’euros) de dédommagement aux femmes concernées en concluant un accord avec la Corée du Sud : Le système des « femmes de réconfort » (…) a existé du fait de l’implication de l’armée japonaise (…) et le gouvernement japonais est pleinement conscient de sa responsabilité, a déclaré le chef de la diplomatie japonaise. Ces mots, les femmes victimes se sont longtemps battues pour les entendre. Le long travail de dévoilement qu’elles ont entrepris depuis les années 1990, les manifestations devant les ambassades avaient jusqu’à présent surtout rencontré refus, déni et dénégations : des premières excuses, bien insuffisantes, du gouvernement japonais en 1992 au révisionnisme qui avait conduit des livres d’histoire japonais à décrire les esclaves sexuelles comme des volontaires ou à les supprimer purement et simplement de leurs pages.

Seule, la condamnation de l’Empereur du Japon par un tribunal international symbolique obtenue en 2000, avait pu être une consolation. Mais elle n’était… que symbolique.

Une nécessaire réhabilitation intervient donc, mais trop tard. Moins de cinquante victimes (dont certaines ont critiqué l’accord, ressenti comme insuffisant) vont obtenir réparation, laissant dans l’oubli deux centaines de milliers d’entre elles, mortes sans recours.