Comment expliquer cette attitude face à un texte qui attirait l’attention sur la manière dont les femmes sont spécialement précarisées par la crise (inégalités salariales, flexibilité imposée, temps partiels...) et appelait la Commission européenne à faire appliquer les directives concernant l’égalité de traitement des femmes et des hommes dans tous les Etats-membres ? Comment les Verts pouvaient-ils ne pas souscrire à la demande de mobilisation contre les stéréotypes sexistes, de renforcement de la participation des femmes à la vie sociale et politique et à la lutte contre les violences dont elles sont victimes ?
L’explication de vote publiée sur le site d’Europe Ecologie-Les Verts a donc tout pour nous intéresser :
C’est la question de la prostitution, cristallisée au sein du paragraphe 67, qui pose problème. Il souligne le fait que
la prostitution constitue une forme de violence, un obstacle à l’égalité des genres et un moyen pour le crime organisé de se développer; ilinvite les Etats-membres à reconnaître la prostitution comme une forme de violence à l’encontre des femmes et à ne pas la considérer comme un travail, même lorsqu’elle est “volontaire”.
L’éternelle division qui traverse le parti parvient donc à faire obstacle aux avancées des droits des femmes. Si l’eurodéputée EE-LV Nicole Kiil-Nielsen, membre de la commission Femmes du Parlement européen, a préconisé de voter pour le rapport, l’écologiste hollandaise Marije Cornelissen a considéré comme une ligne rouge
cette position sur la prostitution.
Le site des Verts, qui dit regretter le rejet final du rapport (la faute à qui ?) revendique le droit au débat sur cette question
. Mais le débat fait rage depuis une bonne trentaine d’années ! En faudra-t-il cinquante de plus ?
À quoi bon puisque Les Verts, qui parlent du fléau qu’est la prostitution
, en sont encore à se demander s’il s’agit d’une violence ou d’un travail et de s’interroger pour savoir s’il faut réguler
l’activité. On est tenté de leur demander de s’informer. Ils tireraient ainsi les leçons du bilan catastrophique des pays qui ont régulé
, Pays-Bas en tête : pouvoir aux proxénètes et aux « clients », criminalité et secteur illégal prospères, impuissance des autorités…
Jusqu’à quand les Verts vont ils persister à afficher une mine attristée sur la précarité
qui touche les femmes, les violences auxquelles elles sont condamnées, et les maintenir dans la prostitution sans ciller ? Et surtout à devenir les alliés objectifs de ceux qui tiennent des positions réactionnaires, au moment où les droits des femmes sont en danger partout sur la planète ?
Indignation des progressistes, bonheur des conservateurs
Au lendemain du vote, l’AFP a publié un florilège des réactions des eurodéputéEs...
Un vote désinvolte et honteux
pour la socialiste française Sylvie Guillaume ; une marche arrière incroyable au lendemain de la Journée des Femmes
pour la députée socialiste belge Véronique De Keyser…
Aujourd’hui, par ce vote, c’est non seulement les femmes qui sont insultées et agressées, mais l’ensemble de la société, nos valeurs et le cœur de notre humanité
, a dénoncé la délégation française du groupe socialiste. Alors que les conservateurs/trices se réjouissent de l’abandon d’un rapport trop idéologique (...) centré sur les effets néfastes des mesures d’austérité
et inutile
, on imagine l’ambiance chez les Verts …