Allemagne, la flambée des trafics

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Un rapport de police rendu public le 25 mai 2010 signale un accroissement inexorable des trafics d’êtres humains – en majorité, des femmes et des filles – en Allemagne, pays qui a dépénalisé le proxénétisme en 2002.

Sur les cinq dernières années, la police déplore une augmentation de 70% des cas recensés : un véritable afflux de « chair à bordel », raflée principalement en Europe centrale et sur le continent africain.

À l’origine, la loi de 2002 déréglementant le système prostitutionnel visait à garantir aux personnes prostituées des « conditions de travail » sécurisées, plus d’autonomie face à leurs « employeurs » (les proxénétes) et de garanties vis-à-vis de leurs « consommateurs » (les « clients » prostitueurs). Il s’agissait également de lutter contre le « stigmate » infamant qui pèse sur elles, en affirmant que se prostituer est un travail comme un autre.

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Mais les bilans de cette politique, dont ce récent rapport de police, concluent à son échec sur tous les plans. L’explosion du trafic des êtres humains signale assez combien le crime organisé est comme un poisson dans l’eau sur le sol germanique. Les personnes prostituées en situation illégale n’ont aucun secours à espérer des dispositions « protectrices » de la loi de 2002.

Quant aux personnes prostituées en situation régulière, elles n’en tirent pas plus d’avantages : elles évitent comme la peste de s’enregistrer en bonne et dùe forme auprès des autorités. En effet, le fameux « stigmate » n’a pas reculé d’un pouce, alors que le mépris pour les personnes prostituées atteint, lui, de nouveaux records : à la faveur de la « crise économique », les patrons de bordels ont inauguré des formules de type buffet à volonté, permettant aux « clients » prostitueurs de consommer autant de femmes qu’ils en étaient capables[À lire sur ce site : [.]].

Comme le remarque avec justesse Amanda Kloer, de l’organisation « End Human Trafficking », ce terrible saut quantitatif n’est sans doute pas seulement imputable à la législation allemande, si favorable aux proxénétes. Sans doute, et c’est heureux, la police repère de mieux en mieux les victimes de trafics. Mais, écrit-elle, nous commençons à voir se dessiner un motif composé de trafics d’êtres humains, de violence et d’exploitation à l’encontre des femmes, dans les pays qui ont légalisé le système prostitutionnel. Citant les échecs des expériences australiennes, néerlandaises et à présent, allemandes, elle espère que ces constats seront suffisants pour donner un sérieux coup d’arrêt à ceux qui prétendent que la légalisation est la solution pour réduire les trafics et la violence dans cette industrie.


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Elles témoignent :

Mylène, « prostituée de luxe »

Fiona, 1/2 : Le mec paye, il fait ce qu’il veut